En lisant les poèmes d'Olivier Bardet, on pense aux lignes écrites par Marguerite Yourcenar dans son dernier livre La Couronne et la Lyre : « Depuis plus d'un demi-siècle, le vers dit libre... règne à peu près sans conteste sur la poésie occidentale, et de révolutionnaire qu'il était, est devenu traditionnel... » et plus loin : « Seul le vers régulier, c'est-à-dire celui sur lequel un accord préalable existe entre poète d'une part et lecteur ou auditeur de l'autre, donne une idée d'un art où contraintes et surprises s'équilibrent, et où l'envol du poète, comme dans la danse le bond du danseur, se situe à l'intérieur d'une mesure comptée. »
Il n'est nullement question ici de dénoncer l'usage du vers libre, mais il faut rappeler qu'il n'est, pas plus d'ailleurs que tout autre commandement de la Terreur, la condition sine qua non de la poésie. Chaque poète se trace son propre continent, en délimite l'espace et les frontières. Celui d'Olivier Bardet est une carte du Tendre philosophique, un vaste jeu de l'oie où il navigue entre les rocs du désespoir et de la folie, entre les figures du passé et de l'absence. Et la récurrence de certains rythmes, le retour attendu de sonorités, nous permettent de le suivre dans ce voyage métaphysique.
Francine de Martinoir Les Cahiers de Vagabondages n° 16,
janvier 1980 : “Vendanges d’Hiver”, p. 68.