SABLE MOUVANT *
Jeu patient d’empreintes humides
En ce lieu disloqué né d’une terre inconnue
Terne cilicie d’où coule éternité
L’arène mime argiles et tourbières
Des mauvais songes
L’eau glauque et bouillonne
Une aube de solfatare
Des bulles tremblent Entre les viornes un trône
Porte un poids sans mesure
Sur la rive d’en face Icarie
Dôme de broussailles voix sans ombre son ni couleur
Les châteaux sont jeux de cartes en Espagne
Un front soucieux se terre là
Las de n’avoir pas vécu
Reine de nulle part Argine rôde
Sous le regard des aulnes et des trembles
Si lisse un volcan de vase s’ouvre et crève
Marnescence noire bataille
De saules et de dunes sous la frange
La terre longue s’équarrit du remords
D’avoir mordu la vie jusqu’au sang
Des tréfonds interloqués sont en berne
Amère citerne la souffrance
S’y trempe entre les bras d’une eau d’Argyll
L’écho hoquette baume ou cilice
L’air ne suinte que le bredouillement d’un rosaire
Morne du long secret entendrai-je
Se brouiller l’absence ornée d’un cerne de lune
Se fondre en nombres ternaires le cône et l’équerre
Quand l’hydre retourne à l’abergement rauque
Dont l’œil interne s’écarquille
Une île ne meurt jamais seule |